La Fanciulla del West à l’Opéra de Lyon (Festival Rebattre les cartes) – Puccini-Spaghetti – Compte-rendu

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Article by Laurent Bury from Concert Classic


Il a fallu un peu plus d’un siècle à l’Opéra de Paris pour accueillir à son répertoire La Fanciulla del West, en 2014. Dix ans après, l’Opéra de Lyon comble à son tour cette lacune. Etonnante, cette longue indifférence française ? Oui et non, car à part « Ch’ella mi creda libero e lontano », cette partition relativement tardive ne contient aucun des chevaux de bataille dont s’emparent les chanteurs-vedettes pour les inscrire durablement dans la mémoire des mélomanes. Peut-être plus qu’aucun autre opéra de Puccini, La Fanciulla opte pour un discours continu, une conversation en musique souvent tumultueuse (tout le début du premier acte se déroule dans une agitation bien plus grande que le deuxième acte de La Bohème).

Il aura fallu aussi le temps de surmonter la gêne suscitée par le côté Western lyrique : à l’heure où les metteurs en scène venaient occuper le devant de la scène, qui avait encore envie de reconstituer un saloon ou « la grande forêt californienne » sur un plateau d’opéra ? Pour la production lyonnaise, Tatjana Gürbaca évite l’écueil de cet hyperréalisme auquel resta longtemps associé le Met, où fut créé La Fanciulla en 1910. Pour cette œuvre où les cow-boys parlent italien, elle semble avoir logiquement songé à ce genre éphémère que fut le Western-Spaghetti, au moins sur le plan esthétique, renvoyant à cet univers de poussière et de longs manteaux, même si le décor opte pour une certaine abstraction, où l’on distingue malgré tout le comptoir du saloon, les costumes mêlant plusieurs époques, dans des couleurs assez claires, voire pastel. Etait-il vraiment nécessaire de faire – si peu – tourner la maison de Minnie ? Est-ce parce qu’elle est le rêve des chercheurs d’or que la tenancière du bar apparaît d’abord toute d’or vêtue ? Sans proposer de lecture nettement orientée, le spectacle propose néanmoins une action claire et une belle gestion de la foule aux actes I et III.

Dans la fosse, Daniele Rustioni fait une fois de plus des étincelles. Etincelante, l’ouverture laisse pantois, préfigurant toute la musique « hollywoodienne » qui ne devait éclore que vingt années plus tard, et le chef met ensuite en relief certaines cellules mélodiques que l’on croirait sorties de Petrouchka (aucun soupçon d’influence mutuelle entre Stravinsky et Puccini, mais l’Italien était à l’écoute de l’air du temps, comme le montre son intégration des rythmes de cake-walk dans sa partition). Il convient aussi de saluer la prestation du chœur de l’Opéra de Lyon, dont sont également issus quelques-uns des innombrables petits rôles du premier acte. Parmi ces figures secondaires, se détachent aussi les ténors Valentin Thill et Léo Vermot-Desroches, et deux solistes de l’Opéra Studio, l’émouvant Jake Wallace du baryton Paweł Trojak et le Nick du ténor Robert Lewis. Le baryton Allen Boxer et la basse Rafał Pawnuk se font remarquer dans des rôles un rien plus développés.

Mais bien sûr, c’est le trio central, composé de trois artistes italiens, qui…

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