Sobre Butterfly au Festival d’Aix-en-Provence
Article by Olivier Delaunay from Olyrix
“...C’est ce que fait Ermonela Jaho, en préférant le goût des nuances extrêmes à l’impératif de passer l’orchestre, aidée en cela par Daniele Rustioni particulièrement attentif à laisser exister les couleurs variées découvertes ici sous un jour sensible. La meilleure preuve de ce sens de la nuance est à retrouver dans le moment le plus connu du rôle, Un bel di Vedremo où tous les aigus sont attaqués avec délicatesse et intégrés à une ligne mélodique ininterrompue.
...Venus en habitués à Aix, les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra National de Lyon sont placés sous la baguette de Daniele Rustioni qui multiplie les efforts pour tirer d’eux les accents les plus intenses, cherchant dans l’engagement physique un moyen d'entraîner ses collègues vers plus d’engagement. De ce point de vue-là, le volume orchestral pourrait être plus fourni, mais un souci de délicatesse vient suivre l’exemple d’Ermonela Jaho. Le travail de justesse des cordes permet de révéler certaines des harmonies les plus fines de Puccini, particulièrement dans le prélude du troisième acte. Placés en coulisses, les Chœurs de l’Opéra National de Lyon brillent par la pureté de leur son et leur grande homogénéité. Préparés par leur chef, Benedict Kearns, ils font montre d’une grande capacité de nuance et d’adaptation aux couleurs recherchées par Daniele Rustioni.
Touché par le destin tragique de cette Madame Butterfly, et visiblement ravi de son traitement pur et lisible dans cette édition 2024 du Festival d’Aix-en-Provence qui multiplie les prises de risque, le public du Théâtre de l'Archevêché applaudit longuement les acteurs de la soirée. Une ovation qui se termine debout, signe que les grands classiques, parfois, se suffisent à eux-mêmes... “