La Dame de pique, carte gagnante de l’Opéra de Lyon
Copyright Jean-Louis Fernandez
Article by Christophe Candoni from Sceneweb
A l’occasion de son festival annuel, l’Opéra de Lyon joue de grosses cartes en programmant un western lyrique de Puccini et un thriller fantastique de Tchaïkovski. L’un et l’autre somptueusement dirigés par Daniele Rustioni sont montrés dans des mises en scène diversement appréciées : si Tatjana Gürbaca perd le jeu, Timofeï Kouliabine emporte la mise.
De simples cartes peuvent décider de la vie d’un être. Hasardeuses et convoitées, celles-ci sont le fil rouge des deux pièces phares du festival. Tandis que Minnie, la Fanciulla de Puccini, truque sa partie de poker pour sauver l’homme qu’elle aime, Hermann, joueur insensé chez Tchaïkovski, sacrifie tout, y compris sa bien aimée, pour arracher à une comtesse mourante son secret de réussite au jeu. Rares sont les occasions d’entendre ces deux œuvres qui réclament des moyens conséquents. Les distributions abondantes sont d’un niveau honorable, les chœurs dirigés par Benedict Kearns, absolument remarquables, et enfin, l’orchestre est le triomphateur des deux soirées. En fosse, le directeur musical Daniele Rustioni réalise un travail d’orfèvre. On redécouvre l’œuvre de Puccini sous sa direction incisive et finement ciselée qui fait parfaitement fi de toute grandiloquence pour mieux mettre en valeur le raffinement des détails chers au compositeur vériste. Chez Tchaïkovski, l’orchestre gagne encore en ampleur et en tensions dramatiques, il palpite, frémit et étincelle dans sa folle et furieuse course vers l’abîme.