Butterfly, mélo assumé
Article by Noël Tinazzi from Webtheatre
L’opéra de Puccini laisse libre cours à l’émotion avec une grande maîtrise.
“…Cette troisième nouvelle production de l’édition 2024, qui s’insère dans ce que le chef Daniele Rustioni nomme, dans le programme, une « Puccini renaissance », confirme le sentiment d’un festival de haute tenue. Impeccable autant qu’implacable, cette « tragédie japonaise » créée en 1904 à la Scala de Milan, donnée au Théâtre de l’Archevêché dans la version révisée par Puccini en 1907, s’avère aussi lacrymogène que maîtrisée. Manifestement très en phase, le trio d’artistes maitres d’œuvre, le chef Daniele Rustioni, la metteuse en scène Andrea Breth, et l’interprète Ermonela Jaho ont lâché la bride à l’émotion sans pour autant céder à la facilité. Ni à l’exotisme de pacotille, encore moins au réalisme de reconstitution.”
“...Fantasme occidental jusque dans sa musique, intégrant dans ses harmonies des éléments japonisants stylisés, c’est ce que montre avec délicatesse le chef qui ne force jamais le trait et se garde de toute complaisance et de tout sentimentalisme. Déjà à l’œuvre pour la Tosca d’Aix 2019 avec l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra de Lyon, Daniele Rustioni, spécialiste du répertoire, ne monte pas le volume orchestral, ce qui surprend ... Mais cela mais s’avère probant par la suite. Notamment dans l’interlude purement orchestral entre les deux derniers actes où se déploie la richesse d’un tapis musical extrêmement raffiné avec des cordes très délicates. Cela n’empêche pas l’intensité musicale de monter crescendo jusqu’à la séquence finale où la malheureuse geisha se voit enlever son enfant par l’Américain Pinkerton qui a la cruauté de revenir trois ans après leur seule et unique nuit d’amour, flanqué de son épouse.”